Printemps 2012
Que la psychanalyse soit à inventer ou à réinventer, c’est au fond ce qui justifie la naissance de groupes de travail et de réflexion, dont les créateurs, sur les traces de S. Freud et J. Lacan, innovent d’une théorie et d’une technique qui sont les leurs, et qui puissent faire l’objet d’une transmission, par laquelle sont repérables les concepts nouveaux qui viennent enrichir le savoir et le savoir-faire psychanalytiques dans le grand Autre. Ce qu’a réalisé avec bonheur au sein de la Libre Association Freudienne un groupe de travail en étudiant pendant trois ans le premier des quatre livres publiés par J. Bergès et G. Balbo.
Une journée de travail est venue couronner l’étude faite de l’infantile en psychanalyse, des difficultés qu’il présente, des impasses qui en rendent la solution symptomatique ou problématique, mais des satisfactions qu’en apporte l’approfondissement en clinique.
Ce numéro de Surgence dédié au premier des quatre ouvrages de J. Bergès et G. Balbo, L’enfant et la psychanalyse, donne naissance à des textes qui contribuent à marquer la Libre Association Freudienne de sa véritable empreinte, et notamment, un texte relatif à La Passe au sein de la Libre Association Freudienne.
Ce texte présente le travail effectué par le groupe de lecture des ouvrages de G. Balbo et J. Bergès au sein de la Libre Association Freudienne, depuis trois ans, et pour de nombreuses années encore.
Il dépeint les résistances à l’oeuvre, l’insistance nécessaire à poursuivre ces travaux, comment ce groupe a trouvé son rythme de croisière de façon flottante et rigoureuse ; il incite d’autres personnes à rejoindre ce travail.
«À l’impossible nul n’est tenu », énonçait Jacques Lacan, et vouloir rendre compte d’analyses d’enfants ne l’est pas moins sauf à le soutenir d’un travail théorique qui révèle toute la portée sur laquelle s’écrit l’inconscient, en l’occurrence, par référence aux écrits de G. Balbo et J. Bergès. Ainsi en va-t-il du transitivisme, de la fonction et du fonctionnement, de l’anticipation, etc., autant de concepts qui ouvrent le chemin sur lequel l’analyse d’enfant devient somme toute moins angoissante et autorise ce petit bout d’essai de vouloir en dire quelque chose.
Le livre de Gabriel Balbo et de Jean Bergès s’ordonne à la logique qu’il prescrit à l’analyste qui s’en réclame. L’analyste restaure du manque, et cette tâche l’oblige à ne pas se tromper, à n’être pas le dupe de l’enfant, de ses parents ou de lui-même. Il lui incombe d’évider le transfert des images et imagos qui le soutiennent et l’encombrent.
Une telle éthique appelle des deuils, relatifs à la place accordée au savoir, qui, non sans être nécessaire doit surtout n’être pas totalitaire, ni reposer sur quelque harmonie que ce soit. Les théories reposant sur un tel savoir et le proposant sont pléthore : autant de tentations auxquelles l’analyste (stylite ?) se doit de renoncer…
La S.P.A. ou Société Primitive Animale, que constitue la compagnie de sangliers, intéresse le psychanalyste de ce que sa structure matriarcale, sous la domination d’une laie meneuse, exclut de la compagnie le solitaire, le trophée de choix à épingler à son tableau de chasse, c’est-à dire le mâle. S’il est hors-bord, il joue cependant un rôle moteur. Qu’en est-il de la fonction du père au sein de cette harde primitive ? Et dans la nôtre ? Ce texte a pour visée de retracer partiellement la démarche théorique de Jean Bergès et Gabriel Balbo dans leur livre L’enfant et la psychanalyse. Toute fonction y est qualifiée de phallique et s’organise autour d’objets a inscrits dans son fonctionnement, objets nécessairement nonspécularisables et marqués de la fonction du phallus. Quand la mère parle le fonctionnement d’une quelconque fonction à son rejeton, conjointement elle fait fonctionner la fonction paternelle. Elle lui parle du Père ! Mais de quel père? Qu’est-ce qu’être père ? Pour y répondre un retour à Freud et à Lacan s’impose, à la rencontre des concepts de trait unaire, de refoulement originaire et d’identification primaire. La mère d’être la fonction vicariante de celles de son rejeton pourrait se penser assurer Toutes les fonctions. Elle ne peut être toute La fonction, au-moins-une lui est barrée, la fonction du nom du père dont, cependant, elle a à assurer le fonctionnement.
À partir de vignettes cliniques et dans un texte concis, l’auteur pose la question de la place du silence dans la cure et son rapport à l’interprétation en teintant quelques conceptions psychanalytiques d’une touche de couleur musicale.
Deux histoires pour raconter le transitivisme où il n'est pas toujours nécessaire d'être mère pour exécuter le coup de force. Exécuter, parole forte puisqu'il y a du sadisme et du masochisme dans cette affaire !
(L’angoisse pour la vie)
L’angoisse de mort n’est qu’une angoisse de castration. C’est de vivre qui est angoissant, et non pas de mourir. Ce que prouve le suicide qui n’a pour but que de mettre un terme à cette angoisse pour vivre. L’angoisse pour la vie est primordiale, et naît de l’échec libidinal d’une demande originaire, quand elle n’est pas satisfaite. Le suicide actualise l’échec de cette demande. La menace de mort, dont l’angoisse pour la vie est le signal, demeure le seul recours contre cette angoisse vitale.
À qui entend se dire être psychanalyste, après son Acte Fondateur et ses Prémisses sur la Supervision, la Libre Association Freudienne propose sa Passe. Ainsi prend robuste consistance, ce qui est signifiant de l’Éthique qui s’y soutient, pour en être reconnu comme psychanalyste.
Telle est dans son procès la passe, telle que la Libre Association Freudienne entend la promouvoir. Son moteur est celui-là même qui a motivé Lacan à l’inventer : mais quel est donc le désir dont se soutient qui devient analyste, alors que la logique propre à l’expérience analytique en devrait être dissuasive.