Hiver 2024
Si l’acte manqué (die Fehlleistung) est pour Freud (1901) l’effet du chassé-croisé des intentions contraires – contre-volonté, contre-projet, contre-demande, contrebande (Lacan) –, il n’en est pas moins aussi l’accomplissement et la réalisation d’un désir inconscient de culpabilité. La faute, si difficile à reconnaître en sa propre maison, est alors repoussée, refoulée pour s’assurer un retour dont l’investissement, payant à coup sûr, n’est pas des moindres, au point de se demander si on ne re-foule jamais que pour mieux re-venir sur ses pas, pour reve- nir à ce qui est sur le point – ou le pas – de se dire.
Quel est donc l’objet du pas quotidien qui, comme surgi sous les appâts du hasard de Fortune, tombe sous le sens ? Quelle loi symbolique en sous-tend la logique qui nous permettrait d’en savoir un peu plus sur le sujet du désir de se la « fouler douce » (J. Bergès et G. Balbo, 1994) avec ce qui cloche ?
Récit d’un acte manqué : ratage, transfert et résistance se nouent.
Proposition d’une clinique de la démence sénile qui ouvre la possibilité de questionner les fondements inconscients des symptômes du vieillard.
Faite d’oublis cette névrose qui a une forte identité avec l’hystérie permet au vieillard de fuir des représentations d’idées qui lui sont désagréables en les oubliant car elles ne l’intéressent plus. Elle est aussi faite d’actes manqués absurdes dont il embarrasse son entourage familial et social qui risque à son tour de lui opposer des réponses tout aussi absurdes. D’où l’intérêt d’entendre que la fiction sous-jacente à la névrose du vieillard sénile questionne l’absurdité de la vie et l’intérêt d’une filiation salvatrice. Questions auxquelles il sera dès lors impossible de répondre à quiconque de façon simpliste.
Quelles opérations de grammaire inconsciente soutiennent la proposition verbale quotidienne, répétée et insistante, du « pas fait exprès » ? Les détours de la vérité et de celle du désir par les ratés, en sont déterminés.
Qu’ils soient entendus ou non, le nom et/ou le prénom entrent dans la logique inconsciente du Sujet, qui doit être homme de langage pour accéder à sa propre nomination. Parfois il peut y avoir émergence d’un symptôme lorsque le signifiant pur qu’est le nom-propre se noue singulièrement à la chaîne des signifiants.
Réflexion autour de l’oubli et de sa fonction pour Nietzsche et pour Freud.
C’est de ce qui se loupe que s’entend ce qui se veut.
L’élégance de Freud se reconnaît dans son écriture.
Hugues Zysman s’adresse à chacun d’entre nous, pour se demander quelles sont les pistes, que la psychanalyse peut tracer pour essayer de répondre au malaise social et civilisationnel : malaise dans la parole, malaise dans les difficultés de la transmission.
Y a-t-il encore une place pour l’inconscient aujourd’hui ?
Après un détour par le livre d’Alexandre Koyré, « Études d’histoire de la pensée scientifique », Hugues Zysman, à travers Lacan et Freud et son livre « Malaise dans la civilisation » revient, au sujet de l’inconscient – « effet de langage qui se constitue au prix d’une perte » – à l’importance de la question questionnante, à la nécessité de la demande, à l’importance du Nom-du-Père dans sa fonction signifiante, pour terminer son intervention par des récits de Witz.