Nec plus Ultra : De la supervision dans le devenir-analyste

Lacan soutenait que « pour faire entendre aux fins de formation qui sont les nôtres ce qu’il en est de la question du sujet telle que la psychanalyse la subvertit proprement », nous sommes « qualifiés », en raison surtout :

  • de notre expérience de cette praxis qui a pour nom psychanalyse,
  • de la transmission d’un savoir théorique qui lui soit propre,
  • de notre prétention de donner statut scientifique à ce savoir.

Et nous sommes d’autant plus qualifiés, que nous savons que la condition nécessaire et suffisante pour prétendre à ce statut, consiste à « nouer plus intimement le régime du savoir à celui de la vérité ».

Ainsi ferons-nous entrer la vérité dans le champ de la science, du même pas freudien qui l’impose, dans le champ de notre praxis. Juste retour du refoulé.

L’époque de ce libre retentissement de la découverte analytique n’est plus. Aujourd’hui, notre champ n’est plus aussi autonome ; on lui souhaite même d’avoir davantage d’auto-momie. Notre savoir, critiqué par les sciences voisines, convoité par le politique, connaît des restrictions à son extension, tandis que des prescriptions légales limitent son intention comme ses prétentions. Qu’en devons-nous penser, comment en tenir compte ?

Car enfin, un devenir est toujours autre à toute formation : telle la momie, celle-ci ne relève que d’un lien social et ne dépend, pour être réalisée, que d’objets et de rituels programmés ; tel le désir, celui-là ne regarde que le seul sujet, et ne s’ordonne qu’à sa subversion. Comment dès lors concilier l’une et l’autre ?

 

Pendant ces journées, nous verrons en quoi et comment, fût-ce au prix de la formation de symptômes spécifiques, la supervision peut-être le levier par lequel devenir et formation peuvent se concilier plutôt que d’être en conflit.

Leur dialectique présente l’intérêt de nous faire entendre combien toute transmission d’un savoir-faire, réfère au registre du négatif d’un faire savoir sinon assigné, parce que refoulé, à ne jamais relever de la vérité qui lui donne consistance.